Bonjour Rémi, tu es l'auteur de la série "Legendion" dont les deux premiers tomes sont parus aux éditions Des Mots qui Trottent. Nous allons bien sûr y venir mais avant, pourrais-tu te présenter brièvement et nous dire ce qui t'a amené à l’écriture?
Bonjour Julien. Ma foi, l'écriture et moi, c'est une longue histoire qui n'aurait jamais dû naître. Mon adolescence durant, ma créativité a tourbillonné dans mon esprit en recherche d'un moyen de s'exprimer. J'ai essayé toutes sortes de choses sans trouver une voie qui ne me satisfasse, mais à aucun moment, je n'ai imaginé me mettre à l'écriture, pour la simple raison que je voyais la littérature comme une corvée ennuyeuse et mourante. Lire m'ennuie. Mon esprit hyperactif n'y arrive que rarement, souvent sur la plage, très loin du quotidien. Pourtant, la promesse des livres est séduisante, plonger dans une aventure, une histoire. J'adore les histoires. Paradoxe frustrant. Je leur ai préféré les jeux vidéo. Pas les jeux d'action décérébrés, mais les aventures, les jeux de rôles, les épopées qui nous plongent dans des mondes imaginaires, nous arrachent au réel avec autant de talent qu'un livre. Zelda Ocarina of Time fut le premier à m'apprendre à raconter une histoire, à transmettre une émotion. A 13 ans, je fus victime d'une agression. Rien d'extrême, mais un profond traumatisme pour un pré-ado encore très immature qui se prit la réalité de la vie en pleine gueule. Coïncidence, je prévoyais d'aller acheter le soir même mon exemplaire de Final Fantasy IX en grande surface. J'avais déjà fait le 7 et le 8, j'attendais celui-ci avec impatience (ces jeux m'ont fait lire des lignes et des lignes de dialogue). Tandis que s'enfonçait de plus en plus profondément en moi la peur engendrée par ma mésaventure du jour, je trouvai dans ce nouvel univers une échappatoire rassurante.
Quatre ans plus tard, dans une vie cloisonnée entre mon ordinateur/console/mondes imaginaires et ma vie scolaire, je proposai mon aide à mon amie de l'époque, une dessinatrice hors pair qui manquait de ce petit grain de fantaisie permettant de décoller. Elle avait le talent, mais il lui manquait un univers, une histoire à raconter, tandis que mon esprit débordait d'idée. C'est de là qu'est né Legendion, avant même que ne me vînt l'envie d'écrire. Elle n'utilisa pas mes idées, me laissant ruminer ce monde qui, dorénavant, existait à travers moi. Ce n'est qu'à l''été 2003 que je me lançai. Cloué au lit, grippé, je grelottais pendant la canicule. Alors que ma grippe guérissait, je m'ennuyais dans l'appartement, mes parents en balade. Cela remonta d'un coup. Mon univers, mes personnages. Je pris un stylo, une feuille et posai les premiers mots d'une saga qui allait changer ma vie.
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CASSADE |
"Legendion" appartient au genre de la fantasy, j'ai envie de rajouter que ton style est immersif, ton écriture très visuelle, quelles sont tes inspirations et influences?
Elles ne sont pas littéraires, vous l'aurez compris. Je lis peu, très peu, et surtout pas de la fantasy, un genre que je n'aime qu'en film ou jeux vidéo. C'est toujours très drôle à dire. Les lecteurs me demandent souvent les auteurs qui m'ont influencé et je n'ai absolument rien à répondre. Comme dit plus haut, j'ai appris à raconter une histoire avec la saga vidéo-ludique Final Fantasy et d'autres, les grands jeux de rôles de la génération Playstation One, mais aussi par le cinéma, avec des films tels que Willow, Cœur de Dragon, Les Goonies, évidemment la trilogie du Seigneur des anneaux, Stardust. Il y a encore 10-15 ans, on trouvait encore des films originaux aux personnages surprenants et bien construits. Pas des suites de préquelles calibrées pour éteindre son cerveau pendant 2h.
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OCARIA |
Il est temps de présenter "Legendion", l'intrigue qui rythme les deux premiers tomes.
"Legendion" est un univers inédit où la vie des gens a été bouleversée 9 siècles avant l'histoire, lorsque le dieu unique, Zahâl, a condamné ses mortels à vivre en nomade du temps. Pour ce faire, il a détruit le monde et en a façonné 5 de ces débris. Aosus, Azzur, Magama, Cassade et Ocaria, les "Échos", qui se substituent les uns aux autres en formant des Cycles temporels.
L'histoire va conduire le lecteur auprès de deux personnages, Eloran et Lerena, amis d'enfance privés l'un de l'autre alors qu'ils n'avaient que 6 ans. Se retrouvant, à l'âge de 21 ans, le dernier jour de l'Echo Cassade, au milieu d'une tragédie, ils se donnent rendez-vous sur l'île de Saint-Rehael. Leur voyage respectif est l'occasion pour le lecteur de faire connaissance avec chacun d'eux, mais la situation va radicalement changer une fois arrivé sur l'île Sainte. Eloran se fait piéger par une ancienne connaissance, l'abbé du monastère, à la tête d'un ordre qui se fait appeler le Cercle de Seheiah. Au même moment, un ennemi inconnu, incarné par des créatures lupoïdes encercle la cité. La paix presque millénaire semble sur le point de se rompre. La magie, interdite et presque oubliée s'imposent à nouveau au monde. Petit à petit, nos personnages vont découvrir la profondeur du mal qui s'apprête à bouleverser l'Echodria. Les anges s'en mêlent. Un espoir existe encore, appelé à s'accomplir, le Legendion.
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AOSUS |
Après lecture, on ne peut que saluer ta maîtrise de cet univers riche qui n'appartient qu'à toi. Comment est née cette saga? L'idée d'Écho?
Lorsque j'ai cherché un univers pour mon amie, je voulais éviter de tomber dans la redite de ce qui se faisait déjà dans le vaste univers de l'heroic fantasy. J'ai immédiatement creusé le lien entre l'espace et le temps. Tout s'est imbriqué avec beaucoup de facilité. Imaginer est la chose la plus naturelle que me soit donnée de faire. Parfois, porté par mes idées, je frissonne d'excitation, impatient de donner vie à ce que j'ai en tête, à le partager avec d'autres. Je suis immédiatement parti sur une quête du héros. C'est la seule vision de l'aventure qui m’atteigne : des héros dans lesquels placer toute notre identité. L'émotion est au cœur même de ma saga. Plus les personnages se construisent et plus les épreuves qu'ils traversent nous touchent. Je pense qu'un bon héros doit avoir une personnalité profonde. Connaître ses émotions, qu'elles soient de colère, de joie, de tristesse, d'amour ou des millions d'autres qui en découlent, il faut les détailler. C'est bien plus important pour moi que de prendre 3 pages à décrire l'architecture d'un château ou la beauté d'un paysage. Décrire, ça pose le décor, on met en place les éléments pour donner consistance à une scène, mais l'émotion, elle donne la puissance d'une scène, elle donne son sens, sa raison d'être, sa finalité.
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AZZUR |
Tes personnages principaux, Eloran, Lerena et Evelène, pour n'en citer que trois, ont un lien particulièrement fort et un destin commun. Tu n'hésites pas non plus à les malmener... Quelle relation as-tu avec tes personnages?
Ce sont mes amis. Je les connais par cœur, je les aime. J'ai passé les 15 dernières années à les côtoyer. Parfois, je rêve d'eux, je vis des aventures avec eux. Ils ont autant de consistances dans mon esprit que de vraies personnes. Et comme de vraies personnes, ils se débrouillent avec ce qu'ils sont, affrontent les épreuves comme ils le peuvent, avec le lot d'émotion que ça provoque en eux. Comment pourraient-ils devenir plus grands s'ils n'affrontaient pas les périples qui les attendent?
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MAGAMA |
Inversons les rôles, si tu devais conseiller "Legendion" en quelques mots...
Présenter Legendion est toujours un challenge. J'en fais les frais à chaque salon, me tiraillant à parler ou non des Échos, au risque de faire paraître mon univers trop compliqué, effrayant, lourd. Il est si dense, si difficile à résumer. Maintenant, si je devais faire simple, je dirais qu'il est un moyen excellent de rompre tout lien avec son quotidien. Un autre univers, d'autres règles, d'autres peuples et une aventure à l'ancienne, avec des personnages riches et attachants, emportés malgré eux dans une épopée, tantôt joyeuse, tantôt triste, tantôt inquiétante, mais chaque page un peu plus épique. Tu ne me contrediras pas, je pense. Le final du Tome 2 est intense. Alors, foncez, cet auteur est génial! (j'ai quitté le rôle d'auteur non? 😉)
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VAISSEAU DE LA FLOTTE D'ESCASAM |
Les prochains tomes de "Legendion" devraient t'occuper encore quelques Échos, mais as-tu déjà d'autres idées de romans en tête?
J'ai même plus qu'une idée, j'ai un autre roman en cours d'écriture. Un one shot extrêmement différent. Il est écrit de moitié, en stand-by en attendant une occasion d'être terminé. C'est une histoire contemporaine et fantastique. Il raconte l'histoire de Cassandre, une jeune femme qui s'est construite sur un drame durant son enfance, le suicide de sa mère. Elle a développé une capacité extraordinaire, celle de plonger dans sa propre imagination, de donner vie dans son esprit à ce qui lui chante. Bâtisseuse spirituelle, elle finit par rencontrer une autre personne possédant le même talent. Une histoire d'amitié, puis d'amour va germer, un pied dans le réel, un pied dans leurs mondes irréels. L'histoire va s'étendre bien au-delà, et si je devais la décrire en quelques mots, je dirais que c'est un "Inception de l'imagination".
À part ça, pas d'autres projets, Legendion va encore m'occuper quelques années.
Je n'ai plus qu'à te remercier pour tes réponses, à te souhaiter bonne continuation et à inviter les amateurs du genre à plonger dans cette saga d'heroic fantasy, véritable révélation en ce qui me concerne! (Chroniques des Tomes 1 et 2 de Legendion : Le Cercle de Seheiah et Les Feus Rehaens)
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