Mi-janvier, je publiais une chronique sur "La maison des reflets".
Véritable coup de cœur, j'ai contacté l'auteure, Camille BRISSOT, pour lui proposer un entretien qu'elle a eu la gentillesse d'accepter :
Bonjour
Camille, vous avez 28 ans et dans quelques jours paraîtra votre
huitième roman. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre parcours
littéraire?
Mon
premier roman, "Les héritiers de Mantefaule", est sorti en
2005. J'avais 17 ans, j'étais lycéenne, lectrice assidue de
science-fiction et de fantasy, et j'écrivais depuis toujours. Au
cours des années qui ont suivi, j'ai publié d'autres romans
jeunesse, à un rythme assez tranquille et dans des genres variés :
un peu de fantasy, du roman contemporain, du policier fantastique...
Je me suis aussi essayée à la réécriture de classique sur l'un de
mes romans favoris, "Les hauts de Hurlevent" d'Emily
Brontë. En 2015, j'ai bifurqué vers la science-fiction avec
"Dresseur de fantômes" et "Vagabonds des airs"
chez l'Atalante.
«La
maison des reflets» est un roman sensible et original. Pouvez-vous
nous raconter sa genèse?
Il
y a des années de cela, j'avais envoyé un manuscrit à Denis Guiot,
qui était alors directeur de la collection Autres Mondes. Le texte
en question n'était pas assez abouti, mais les retours de Denis
étaient vraiment encourageants, à la fois pointus, exigeants et
super motivants, et nous avons ensuite essayé de travailler ensemble
à plusieurs reprises.
Puis
l'image de la Maison des reflets m'est venue - une maison dans
laquelle on ramenait les morts sous forme de reflets virtuels
parfaits, conçus pour permettre à leurs proches de gagner un peu de
temps et d'adoucir leur deuil.
C'était
encore très flou, mais j'avais une idée claire des thèmes qui
m'intéressaient : le deuil, bien sûr, mais aussi la famille - celle
dans laquelle on nait et celle que l'on se construit-, les illusions
et les enthousiasmes de la jeunesse... Le tout dans un contexte de
science-fiction léger, avec une société parfois si proche de nous
que l'on pourrait penser qu'il s'agit de la nôtre.
J'ai
eu beaucoup d'empathie pour Daniel que je trouve très attachant.
Pouvez-vous nous parler de lui?
Daniel
évolue dans un monde très différent de celui des autres jeunes de
son âge. Ayant grandi au cœur d'une maison de départ, dont son
père est directeur, il vit dans une bulle protectrice, complètement
isolé de l'extérieur. Ses contacts avec le monde réel sont réduits
au minimum : ses meilleurs amis sont des reflets, certains membres de
sa famille aussi. Son père, lui, est tellement absorbé par son
travail qu'il lui semble parfois plus virtuel encore qu'un reflet.
Daniel est donc très seul – même s’il va mettre un peu de temps
avant de s’en rendre compte. Il a aussi le sentiment d’être
privilégié, de vivre dans un environnement extraordinaire et
d’avoir tout ce qui lui est nécessaire. Jusqu’au jour où il se
décide enfin à sortir et découvre que les frontières de son monde
sont en fait plus étroites que ce qu’il imaginait…
Il
y a l'avant et l'après excursion de Daniel. Si on ne devait utiliser
que deux mots, je choisirais «illusions» et «désillusions». Et
vous? Pourquoi?
Je
suis d'accord avec ces deux mots; à mes yeux, c'est même l'une des
idées qui structurent le roman.
Illusions
car Daniel vit dans un monde où le concept même de réalité est
remis en question. Y a-t-il une différence entre un reflet et une
personne vivante ? Au fur et à mesure de son évolution, il va être
amené à se poser sérieusement cette question - et donc par là, à
réfléchir sur sa propre identité. Et puis, pour créer les doubles
virtuels qui habitent la Maison Edelweiss, il a fallu s'appuyer sur
les souvenirs et les opinions de leurs proches. Or, les souvenirs
sont forcément subjectifs, ce qui pousse à s'interroger sur la
réalité de ces reflets.
Les
deux principaux lieux du roman illustrent aussi l'idée de
l'illusion. D'un côté, il y a donc la Maison Edelweiss. L'illusion
y est dissimulée par nécessité : pour que les visiteurs aient
vraiment l'impression de se retrouver en présence de leurs proches
disparus, il faut que tout soit parfaitement crédible, que le reflet
semble humain, vivant. De l'autre, il y a le Palais des Glaces, une
attraction foraine tenue par les parents de Violette - ici,
l'illusion est revendiquée, carrément exposée.
Désillusions
car, pour continuer d'avancer, Daniel va être forcé de briser les
belles images qu'il s'était fait de sa propre vie.
Pour
finir, travaillez-vous sur d'autres projets?
Je
viens de terminer un mini-Soon+ qui s'appelle "Dans la peau de
Sam" (titre provisoire !) et qui raconte les mésaventures de
deux collégiens échangeant par accident leurs deux corps.
En
mars, il y aura la publication des deux premiers tomes d'une série
fantastico-policière pour les plus jeunes : "le Club des
métamorphes".
Et
je me suis attelée à la rédaction d'un autre roman de SF ado, au
thème bien différent cette fois puisqu'il sera question de zombies
!
Je vous remercie pour toutes vos réponses et vous souhaite une bonne continuation dans vos projets que je vais certainement suivre de près! 😉
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"La maison des reflets" (éditions Syros).