mercredi 1 février 2017

Entretien avec Camille BRISSOT





Mi-janvier, je publiais une chronique sur "La maison des reflets". 
Véritable coup de cœur, j'ai contacté l'auteure, Camille BRISSOT, pour lui proposer un entretien qu'elle a eu la gentillesse d'accepter : 






Bonjour Camille, vous avez 28 ans et dans quelques jours paraîtra votre huitième roman. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre parcours littéraire?
Mon premier roman, "Les héritiers de Mantefaule", est sorti en 2005. J'avais 17 ans, j'étais lycéenne, lectrice assidue de science-fiction et de fantasy, et j'écrivais depuis toujours. Au cours des années qui ont suivi, j'ai publié d'autres romans jeunesse, à un rythme assez tranquille et dans des genres variés : un peu de fantasy, du roman contemporain, du policier fantastique... Je me suis aussi essayée à la réécriture de classique sur l'un de mes romans favoris, "Les hauts de Hurlevent" d'Emily Brontë. En 2015, j'ai bifurqué vers la science-fiction avec "Dresseur de fantômes" et "Vagabonds des airs" chez l'Atalante.

                  
«La maison des reflets» est un roman sensible et original. Pouvez-vous nous raconter sa genèse?
Il y a des années de cela, j'avais envoyé un manuscrit à Denis Guiot, qui était alors directeur de la collection Autres Mondes. Le texte en question n'était pas assez abouti, mais les retours de Denis étaient vraiment encourageants, à la fois pointus, exigeants et super motivants, et nous avons ensuite essayé de travailler ensemble à plusieurs reprises.
Puis l'image de la Maison des reflets m'est venue - une maison dans laquelle on ramenait les morts sous forme de reflets virtuels parfaits, conçus pour permettre à leurs proches de gagner un peu de temps et d'adoucir leur deuil.
C'était encore très flou, mais j'avais une idée claire des thèmes qui m'intéressaient : le deuil, bien sûr, mais aussi la famille - celle dans laquelle on nait et celle que l'on se construit-, les illusions et les enthousiasmes de la jeunesse... Le tout dans un contexte de science-fiction léger, avec une société parfois si proche de nous que l'on pourrait penser qu'il s'agit de la nôtre.

J'ai eu beaucoup d'empathie pour Daniel que je trouve très attachant. Pouvez-vous nous parler de lui?
Daniel évolue dans un monde très différent de celui des autres jeunes de son âge. Ayant grandi au cœur d'une maison de départ, dont son père est directeur, il vit dans une bulle protectrice, complètement isolé de l'extérieur. Ses contacts avec le monde réel sont réduits au minimum : ses meilleurs amis sont des reflets, certains membres de sa famille aussi. Son père, lui, est tellement absorbé par son travail qu'il lui semble parfois plus virtuel encore qu'un reflet. Daniel est donc très seul – même s’il va mettre un peu de temps avant de s’en rendre compte. Il a aussi le sentiment d’être privilégié, de vivre dans un environnement extraordinaire et d’avoir tout ce qui lui est nécessaire. Jusqu’au jour où il se décide enfin à sortir et découvre que les frontières de son monde sont en fait plus étroites que ce qu’il imaginait…

Il y a l'avant et l'après excursion de Daniel. Si on ne devait utiliser que deux mots, je choisirais «illusions» et «désillusions». Et vous? Pourquoi?
Je suis d'accord avec ces deux mots; à mes yeux, c'est même l'une des idées qui structurent le roman.
Illusions car Daniel vit dans un monde où le concept même de réalité est remis en question. Y a-t-il une différence entre un reflet et une personne vivante ? Au fur et à mesure de son évolution, il va être amené à se poser sérieusement cette question - et donc par là, à réfléchir sur sa propre identité. Et puis, pour créer les doubles virtuels qui habitent la Maison Edelweiss, il a fallu s'appuyer sur les souvenirs et les opinions de leurs proches. Or, les souvenirs sont forcément subjectifs, ce qui pousse à s'interroger sur la réalité de ces reflets. 
Les deux principaux lieux du roman illustrent aussi l'idée de l'illusion. D'un côté, il y a donc la Maison Edelweiss. L'illusion y est dissimulée par nécessité : pour que les visiteurs aient vraiment l'impression de se retrouver en présence de leurs proches disparus, il faut que tout soit parfaitement crédible, que le reflet semble humain, vivant. De l'autre, il y a le Palais des Glaces, une attraction foraine tenue par les parents de Violette - ici, l'illusion est revendiquée, carrément exposée.

Désillusions car, pour continuer d'avancer, Daniel va être forcé de briser les belles images qu'il s'était fait de sa propre vie.

Pour finir, travaillez-vous sur d'autres projets?
Je viens de terminer un mini-Soon+ qui s'appelle "Dans la peau de Sam" (titre provisoire !) et qui raconte les mésaventures de deux collégiens échangeant par accident leurs deux corps.
En mars, il y aura la publication des deux premiers tomes d'une série fantastico-policière pour les plus jeunes : "le Club des métamorphes".
Et je me suis attelée à la rédaction d'un autre roman de SF ado, au thème bien différent cette fois puisqu'il sera question de zombies !

Je vous remercie pour toutes vos réponses et vous souhaite une bonne continuation dans vos projets que je vais certainement suivre de près! 😉


Envie d'en savoir plus??? Rendez-vous en librairie, à partir du 2 février, pour découvrir le nouveau roman de Camille BRISSOT : 
"La maison des reflets" (éditions Syros).

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